La saisonnalité en Formation : contrainte ou opportunité ?
Eclairages sur la Saisonnalité en Formation :
L’exemple chez Evolution, et comment en tirer des avantages ?
La saisonnalité est un phénomène courant dans bien des secteurs de l’activité économique. On pense naturellement au secteur tertiaire des loisirs et du tourisme : Stations balnéaires, stations de ski, hôtellerie etc… qui voient des coefficients saisonniers extrêmement contrastés, pouvant aller de remplissage à près de 100 % des capacités, à la fermeture complète en basse saison.
Quelles conséquences pour les entreprises et l’emploi ?
Le mot d’ordre pour les entreprises est flexibilité : Les ressources à mettre en œuvre sont différentes en fonction des saisons, voire des mois de production ; il convient pour ces entreprises d’adapter leurs capacités de production, en moyens, en hommes et en besoin de fond de roulement au gré de ces fluctuations de l’activité économique. Si nous reprenons l’exemple de l’industrie de la montagne, le recours à des « saisonniers » est une obligation en haute saison, là où il est totalement inexistant quand les neiges ont fondu.
Si l’on prend le prisme de la Formation Continue en Informatique – au hasard – ce phénomène se traduit par une forte volatilité des besoins en salles, en ordinateurs, en compétences Formateurs ; mais il n’est pas possible de fermer les mois creux ….
Comment se traduit la saisonnalité dans le secteur de la formation continue ?
Le métier du Responsable Formation est soumis à des contraintes internes et externes multiples :
Définition et orientations du budget Formation, Formation obligatoires, prioritaires, DIF, soumission au Comité d’entreprises ou représentant du personnel, Entretiens individuels, multiplicité et complexité des dispositifs, négociations avec les OPCA, planification des actions, respect des obligations de production ou de présence des équipes, changements de dernière minute, Déclaration 2483 …
Tous ces facteurs ont in fine une incidence sur l’activité d’un centre de formation, d’où en découle un caractère saisonnier d’année en année.
Éclairages
La « trêve des Formateurs ».
A l’instar de la trêve des confiseurs, Janvier est pour la Formation une période de digestion.
Le plan de formation est bouclé et l’année N-1 pèse encore. Idem pour février qui reste très calme, généralement amputé de 2 semaines de vacances scolaires, moins propices aux formations qu’aux stations de ski…
Ce phénomène étant amplifié par la fameuse date du 28 février, date limite des appels à cotisations des OPCA à leurs adhérents…
« En Mars et çà repart » gentiment.
Les besoins identifiés, les entreprises commencent à envoyer leurs collaborateurs en formations pour monter crescendo sur avril, mai en juin, qui malgré des vacances et aléatoirement des weekend de ponts représentent un trimestre de forte activité en formation.
Quid de Juillet ? Sans doute sous l’impulsion des 35 heures, et du fractionnement des départs en congés, on remarque depuis quelques années juillet est un « bon mois moyen » où l’activité est encore très soutenue jusqu’au feu d’artifice du 14, marquant le début d’une transhumance des salles de formations vers les plages.
Passons sur Août, mois où la France s’endort …
Si Juillet amorce l’endormissement de l’activité Formation, Septembre, d’un niveau d’activité à peine plus soutenu est celui du réveil.
Les photos de vacances sont au tiroir et les cartables remplis, le dernier trimestre est de loin le plus important de l’année pour un Organisme de Formation. Nombre d’entreprises ont – en ayant sollicité leur OPCA ou non – un budget à consacrer à la formation, lequel doit absolument être consommé avant le 31 décembre.
C’est alors que les demandes affluent, que les plannings s’affolent, que les salles de formation sont remplies, que les disponibilités des formateurs se font rares.
Effet pervers
Elles sont alors contraintes –quand leur OPCA ne leur a pas en plus répondu que les financements avaient tous été consommés- de reporter à l’année d’après leurs formations.
Résultat elles perdent le bénéfice – financier et humain – de leur obligation de formation, qui se transforme de facto en impôt. Cet investissement Formation se retrouve alors mutualisé par les Opca et …. serviront l’année suivante …. à leurs concurrents …
La différence entre l’industrie Hôtelière et la filière formation tiens peut être en cela qu’en haute saison les prix des chambres sont plus élevés qu’en basse saison.
Là où en formation ce type d’ajustement à la hausse n’existe pas …
Focus
Si chaque trimestre devrait peser 25% de l’année, on se rend compte que
seul le 2eme trimestre est en ligne.
Le premier et le 3eme trimestre sont très en deçà,
là où les 3 derniers mois de l’année représentent près de 40 % de l’activité Formation de l’année,
Trouver le bon formateur, au bon endroit, au bon moment.
Que ce soit pour le Responsable Formation, les stagiaires, ou les Organismes de formation, les conséquences sont réelles : un « gros mois de décembre » est synonyme de pénurie, et de cohue :
Il est alors moins aisé pour le RF et L’OF de trouver la bonne adéquation entre besoin de planification et ressources disponibles (Salles, matériels, formateur).
Coté Apprenant, c’est aussi le risque de se voir décaler son inscription faute de sièges disponibles, de se retrouver dans des sessions pleines, là où les mois plus creux ont beaucoup moins d’inscrits donc une meilleure dynamique pédagogique.
Alors faut-il pour autant augmenter le prix des formations en haute saison ?
Choisi t on d’investir dans la connaissance et la compétence, ou achète t on de la rareté ?
Responsables Formations, Organismes de Formation et Apprenants ne tireraient ils pas tous trois bénéfice à privilégier les périodes plus calmes ?
Charles TREFFEL – Origine des données : Base de données Evolution, année 2011.